Interview Photographe – Julien Navarre

Il y a quelques semaines nous avons recueilli les confidences de Julien Navarre,

Un photographe dont nous admirons les superbes clichés depuis plusieurs mois. Son style singulier, son goût du détail et la façon dont il travaille la lumière et arrive à capturer d’intenses moments d’intimité ont rapidement fait de lui l’un de nos chouchous !

Julien, qui dirigeait le mois dernier un workshop à destination des photographes, a gentiment accepté de répondre à nos questions.

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Bonjour Julien ! Pouvez-vous nous dire comment la photo est entrée dans votre vie ?

Bonjour ! Etant jeune, je portais les sacs photos de mes parents ! Blague à part c’est effectivement enfant que j’ai été sensibilisé à la prise d’images. Mon père qui était sismologue nous emmenait souvent sur le terrain et prenait tout un tas de photos. Je pense que ma culture de l’image vient de tous ces voyages, de ces souvenirs qu’on gardait sur papier à l’époque ou qu’on visionnait lors de nocturnes entourés d’amis sous la forme de diapos. Et puis il y avait tous ces magazines comme Géo ou National Geographic dans les bibliothèques de la maison. J’ai grandi sans télé, je consommais donc beaucoup d’images statiques. A partir de la vingtaine je me suis intéressé à la manipulation des images; je suis devenu graphiste, puis designer. Un jour, au début de la trentaine, j’ai commencé à me sentir “enfermé” dans un bureau, travaillant sans cesse sur les images des autres. J’ai ressenti le besoin d’aller directement à la source. D’aller chercher la matière première où elle se trouvait. C’est un processus assez rétrograde sur le papier mais à l’usage je me suis tellement ouvert depuis. C’est comme si je respirais d’une nouvelle façon !

Que trouve-t-on dans votre sac photo ?

Dans mon sac… il y a… un kit de survie en milieu hostile (rires), dans lequel on trouve tout un tas de trucs pratiques comme un kit de couture, des ciseaux, des médicaments, une brosse à dents pliable, un mini tube de dentifrice. J’ai aussi un Letherman, un déo, des solaires, mon portefeuille et mes clés. Niveau matos, j’ai deux boîtiers reflex numérique avec leurs objectifs, un flash cobra, un jeu de batteries supplémentaires pour chaque boîtier, une pochette contenant mes cartes mémoires. Mon Macbook, mon disque dur externe. Oui, c’est plutôt lourd. C’est pourquoi je voyage toujours avec un petit diable pliant et très compact à roulette. Lorsque j’enregistre mon bagage en soute, je déplie le petit diable et pose mon sac photo dessus. Ca glisse tout seul et mes épaules me disent merci !

Comment décririez-vous le style Julien Navarre ?

Année après année mon style s’est précisé. Il est devenu plus subjectif, toujours avec cette volonté de raconter une histoire, en entrant peu à peu dans le vif du sujet à mesure que l’on avance dans le reportage. Je débute toujours mes histoires en plantant le décor avec des photos de paysage, de détails pour situer l’action dans l’environnement des mariés. Dans mon travail il y a une grande part dédiée au détail qui permet de faire respirer le contenu.
Au niveau de mon traitement, j’aime les tons doux, je m’assure qu’il n’y ait pas trop de saturation dans les couleurs. Mes noirs et blancs sont contrairement plus durs mais empreints d’un très léger voile, ce qui à mon sens permet d’équilibrer les contrastes.

Comment préparez-vous le jour J avec les futur(e)s marié(e)s ? Faites-vous des repérages ?

Les mariages que je couvre sont le plus souvent des mariages de destination. Pour m’y rendre, je prends le train ou l’avion. Je ne peux donc difficilement préparer des repérages de visu des mois avant le jour J. Je dispose donc d’autres possibilités à ce moment là comme internet ou Google Earth.
Comme j’arrive toujours sur place la veille du mariage, les mariés m’emmènent souvent sur les différents lieux pour que l’on choisisse ensemble les endroits les plus opportuns pour les mettre le mieux en valeur. Je fais alors des photos à l’iPhone des lieux qui m’intéressent pour pouvoir m’y référer le jour J. J’observe toujours comment se comporte la lumière à ces endroits précis.

Quel est le moment que vous préférez shooter pendant les mariages ?

Le cocktail. C’est un moment très vivant où les gens s’ouvrent en général beaucoup. Je commence à prendre des images de petits groupes où je sens l’émotion ou la gaieté prendre vie sur leur visage. C’est un moment de relâchement pour eux. Après les cérémonies où tout le monde semble concentré sur les mariés, ils passent enfin de l’autre côté, un peu comme si à leur tour ils montaient sur la scène. J’aime beaucoup engager le dialogue avec eux avant de les prendre en photo. C’est souvent rassurant pour eux de voir qu’il y a de l’humain dernière l’objectif.

Le shooting de vos rêves ce serait…

Une love session dans le désert. Pour ne me concentrer que sur l’émotion du couple. Et puis pour le son…

Y a-t-il une photo (connue) qui vous touche plus que d’autres ? Pourquoi ?

La photo prise par Jean Baptiste Mondino pour la pochette du premier album solo de la chanteuse Björk, Debut. Pour moi, cette photo suscite beaucoup d’émotion et d’ambiguïté. Une pause sage lorsque l’on connait l’énergie de la chanteuse. Le léger sourire qu’elle arbore comme pour dire : “j’ai l’air calme mais ne vous fiez pas aux apparences.” C’est le calme avant la tempête. Ca me parle beaucoup.

bjork-debut-

Un conseil aux jeunes photographes qui se lancent ?

Puisez votre inspiration partout, dans les livres, les films, la musique, dans les relations humaines, votre animal de compagnie, partout où votre sensibilité se trouve exacerbée. Identifiez là et suivez votre instinct. Et puis… travaillez dur !

Une anecdote amusante à partager ?

Un jour j’ai photographié un couple dont la mariée était originaire d’Ecosse. Le père s’est vêtu du costume traditionnel -le Kilt- pour l’occasion. Pendant son discours, il se tient, micro en main, devant les mariés assis à quelques mètres en face de lui. Tout les invités du mariage étaient présents et concentrés sur la scène, que l’on imagine émouvante. Pour contextualiser une de mes images de manière originale, je place mon appareil dernière lui au sol pour cadrer les mariés entre ces deux jambes et relève mon écran arrière du boitier pour mieux voir la scène. j’étais juste sous ses jambes, les gens pensant que je photographiais sous son kilt se sont tous mis à rigoler. J’ai failli lui voler la vedette à ce moment là !

Vous n’êtes pas seulement photographe, vous êtes aussi…   ?

Un manuel ! J’adore bricoler, transformer un lieu et chiner des objets qui me parlent pour donner une personnalité à un lieu. Hors saison, je retape ma maison, mon futur atelier et m’adonne à mon plus grand plaisir, m’installer sous un plaid dans mon canapé avec une tasse de thé fumante en écoutant le crépitement du vinyle qui est entrain de jouer. Et puis.. remettre une buche dans le poêle de temps en temps, je suis un véritable frileux !

Quelle est votre chanson du moment ?

Sans hésiter : “Red” du groupe Phoria, un morceau aux tonalités incroyables et une voix qui me bouleverse.

Merci à Julien d’avoir accepté de répondre à nos questions. Si vous souhaitez en savoir plus sur son travail, n’hésitez pas à vous rendre sur son site ou à le contacter directement par mail : contact@juliennavarre.com

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